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AbidjanE1: Ou bien c'était vous aussi, peut-être, qui, ne voulait pas parler.
AbidjanEO2: En étant petits, non, je pense pas que on se serait opposés.
AbidjanEO2: De toute façon on parle ce que les parents parlent.
AbidjanEO2: Mais en étant grand maintenant c'est, c'est beaucoup plus difficile.
AbidjanEO2: Il faut vraiment le temps, et puis, une force de volonté terrible pour apprendre. (rires)
AbidjanE1: Donc, à part, à part l'abidji, il y a aucune autre langue, africaine, que tu peux comprendre?
AbidjanE1: Et euh, quand tu vois par exemple les patients à l'hôpital, est-ce que tu peux comprendre ce qu'ils disent, quelquefois?
AbidjanEO2: Non, mais, généralement je ne parle pas avec les patients.
AbidjanEO2: Je parle pas avec les patients. J'ai fait un stage,
AbidjanEO2: à l'hôpital,
AbidjanEO2: avec les médecins, pendant six mois.
AbidjanEO2: J'ai vu qu'ils avaient des difficultés parce il y avait des patients qui parlaient pas le français.
AbidjanEO2: Et c'était surtout le dioula.
AbidjanEO2: Les p/, les, les malades parlaient dioula,
AbidjanEO2: mais les médecins étaient pas contents,
AbidjanEO2: parce qu'ils voulaient que chacun s'efforce de parler le français.
AbidjanEO2: Et il y avaient des dames même, ça j'étais témoin,
AbidjanEO2: qui parlaient le français,
AbidjanEO2: mais qui voulaient faire parler le dioula (rires).
AbidjanEO2: Donc, lorsque le médecin parle en français, elles, elles répondent en dioula.
AbidjanEO2: Jusqu'à ce que le médecin se fâche, fai/ et il, et il fasse semblant,
AbidjanEO2: de se retourner, d'aller dans son bureau, comme s'il n'allait pas s'occuper d'elles.
AbidjanEO2: Et elle l'a retenu en lui parlant français.
AbidjanE1: D'accord. (une porte claque.) Bon, et, est-ce que tu penses, que dans, dans ton apprentissage du français, quand tu étais petite ou bien quand tu étais collégienne,
AbidjanE1: il y a des personnes qui ont joué un rôle important, dans ta manière de parler?
AbidjanEO2: Le français.
AbidjanEO2: Hum. (hésitation)
AbidjanEO2: Bon, par rapport à mes parents, je pense que la manière dont je parle,
AbidjanEO2: euh,
AbidjanEO2: c'est en grande partie, dû à eux, parce que,
AbidjanEO2: c'est vrai que je ne parle pas abidji, mais ma manière, mon accent,
AbidjanEO2: c'est l'accent de quelqu'un, qui parle abidji.
AbidjanEO2: Par exemple on me dit que, bon les abidjis, appuient beaucoup sur le r.
AbidjanEO2: Je sais pas si j'appuie beaucoup sur les r, mais les gens m'ont déjà par/, m'ont, m'ont déjà dit ça.
AbidjanE1: Bon maintenant, s/ sur les langues, alors quelles langues tu peux parler?
AbidjanFO1: Bon.
AbidjanFO1: En principe, ici c'est la langue maternelle qu'on parle.
AbidjanFO1: (hésitation) Mais, (hésitation) ma maman et mon papa sont de la même eth/, ethnie,
AbidjanFO1: c'est abidji, donc euh,
AbidjanFO1: je devrais comprendre l'abidji.
AbidjanFO1: Mais bizarrement chez nous les trois premiers comprennent l'abidji et le parlent, les trois derniers ne comprennent rien.
AbidjanFO1: C'est-à-dire Edwige, Yannick et moi.
AbidjanFO1: Nous, on comprend pas l'abidji.
AbidjanFO1: Mais du fait j'ai fait deux ans, à Bouaké, bon Bouaké c'est une région baoulé donc,
AbidjanFO1: je parle un peu, je comprends un peu le baoulé.
AbidjanFO1: Mais l'abidji, rien.
AbidjanE1: Et comment ça se fait? Peut-être les parents n'ont pas, fait euh, l'effort d'apprendre aux enfants ou quoi?
AbidjanFO1: Les trois premiers ont eu l'habitude d'aller au village, très souvent.
AbidjanFO1: Et ma grand mère, la maman de ma maman, (hésitation) était plus proche.
AbidjanFO1: Parce que quand maman accouchait c'est la grand mère qui venait, et à chaque fois elle parlait.
AbidjanFO1: Bon, nous à notre tour maintenant (XX).
AbidjanFO1: On leur demande toujours comment ça se fait, ils n'ont jamais pu nous expliquer véritablement ce qui s'est passé.
AbidjanFO1: Et, c'est, les trois premiers comprennent, les trois derniers ils comprennent pas.
AbidjanFO1: Comme moi je tenais à comprendre au moins une langue, quand je suis allé à Bouaké bon,
AbidjanFO1: j'apprenais un peu, un peu le baoulé jusqu'à ce que la guerre vienne.
AbidjanE1: Et l'abidji, tu n'as jamais essayé, bon, d'apprendre? Quand tu vas au village, ou bon, je sais pas?
AbidjanFO1: Bon, quand je vais au village, ma grand mère ne comprend que l'abidji.
AbidjanFO1: Elle même elle n'aime pas parler français.
AbidjanFO1: C'est très rare.
AbidjanFO1: Donc euh, elle fait tout pour que tu/ mais, je dure jamais, elle fait tout pour que je fasse au moins deux à trois mois, pour que vraiment elle puisse m'apprendre et ainsi de suite.
AbidjanFO1: Parce que à chaque fois elle me tire les oreilles, elle dit que, bon.
AbidjanFO1: tout ça, que c'est pas bien, ainsi de suite.
AbidjanFO1: Elle parle des bienfaits de la langue, mais je n'ai jamais réussi à faire,
AbidjanFO1: si j'ai trop fait, c'est une semaine avec elle.
AbidjanFO1: Or c'est pas suffisant, faut commencer à la maison.
AbidjanFO1: A la maison aussi souvent ils essaient, mais après,
AbidjanFO1: on tombe dans le français toujours.
AbidjanFO1: Donc euh.
AbidjanE1: Et les grands qui ont appris, qui ont appris l'abidji, est-ce qu'ils parlent naturellement abidji, chez vous?
AbidjanFO1: Les deux, mes deux grandes sœurs oui.
AbidjanFO1: Mais mon grand frère lui, il refuse de parler.
AbidjanFO1: Quand tu lui parles il répond en français.
AbidjanE1: Donc lui il connaît et il refuse de parler, toi tu ne connais pas, tu ai/ tu aimerais parler.
AbidjanFO1: J'aimerais parler, ouais. Voilà.
AbidjanFO1: Bon lui, c'est parce que bon,
AbidjanFO1: souvent la prononciation n'est pas bien, les gens ont eu l'habitude de se moquer de lui quand il était petit.
AbidjanFO1: Donc ça l'a frustré, il dit que lui il parle plus, l'abidji.
AbidjanFO1: Mais mes sœurs bon,
AbidjanE1: Et est-ce qu'il y a d'autres langues africaines que tu peux, comprendre ou parler un peu?
AbidjanFO1: Non, (XX) je pense pas. Non.
AbidjanE1: Et, actuellement le baoulé là, tu as abandonné, ou bien, tu peux continuer un peu à parler?
AbidjanFO1: (hésitation) J'ai abandonné carrément, mais il y a. (silence)
AbidjanFO1: Je veux dire il y a quelques mots qui sont restés, comme 'vient', 'va',
AbidjanFO1: 'tu as compris', 'viens manger', et ainsi de suite.
AbidjanFO1: Voilà, juste le b.a.-ba, quoi.
AbidjanE1: (XX) vous pouvez parler baoulé ensemble hein, après quoi.
AbidjanE1: Et, à part les langues, africaines donc il y a, quelles sont les autres langues, vivantes que tu peux parler?
AbidjanFO1: Que je peux parler?
AbidjanFO1: (XX), à part le français, (XX) vois pas.
AbidjanFO1: L'anglais j'ai jamais été brillant, brillant en anglais. (silence)
AbidjanFO1: C'est juste pour avoir la moyenne en classe et puis passer, sinon.
AbidjanFO1: Je pense pas que.
AbidjanFO1: Non.
AbidjanFO1: Je devais faire un voyage pour aller au Ghana et puis finalement, (XX).
AbidjanFO1: Je suis tombé malade dans la période, et puis bon,
AbidjanFO1: après. (silence)
AbidjanE1: Bon et, à ton avis, donc, ton niveau de compétence en baoulé, c'est plutôt, faible ou
AbidjanFO1: C'est très, très faible.
AbidjanFO1: Parce que même,
AbidjanFO1: les Baoulés, il y a des Baoulés d'Abidjan, il y a des Baoulés du village.